lundi 9 décembre 2024

Jacques Roubaud

Pour Jacques Roubaud  (1932 - 2024) qui vient de nous quitter ce 5 décembre  



Poème du chat

Quand on est chat on n’est pas vache
on ne regarde pas passer les trains
en mâchant les pâquerettes avec entrain
on reste derrière ses moustaches
(quand on est chat, on est chat)

Quand on est chat on n’est pas chien
On ne lèche pas les vilains moches
parce qu’ils ont du sucre plein les poches
on ne brûle pas d’amour pour son prochain
(quand on est chat, on n’est pas chien)

On passe l’hiver sur le radiateur
à se chauffer doucement la fourrure

Au printemps on monte sur les toits
pour faire taire les sales oiseaux

On est celui qui s’en va tout seul
et pour qui tous les chemins se valent
(quand on est chat, on est chat)



Le menu de l’écolier

LUNDI : Salade de multiplications au gigot de fractions froid.

MARDI : Choucroute de grammaire aux saucisses d'orthographe.

MERCREDI : Crème caramel de saut à la corde et glace à la pistache de course de haies.

JEUDI : steak frites de rédaction.

VENDREDI : Colin de poésie à la mayonnaise de récitation.

SAMEDI : Sandwiches de cartes géographiques entre deux tranches de pain d'histoire de France.

ET DIMANCHE ? Dimanche, pot au feu de révision.




Où es-tu :
qui?
Sous la lampe, entourée de noir, je te dispose :
En deux dimensions
Du noir tombe
Sous les angles. comme une poussière :
Image sans épaisseur voix sans épaisseur
La terre
qui te frotte
Le monde
dont plus rien ne te sépare
Sous la lampe, dans la nuit, entoure de noir, contre la
porte.



jeudi 5 décembre 2024

Jeudi poésie



 

La Terre...

La terre qui craque,
ce froid qui me brise,
cet arbre lourd de neige
et de glaçons qui pendent.

Ton soleil bientôt
percera timidement,
éveillant le monde
à son accomplissement.

L'arbre courbé, accablé,
tout d'un coup
comme un soufflé
applaudira
de ses mains innombrables.

Qu'est-ce que la foi
à côté de l'espérance,
mon amour à côté de mon tremblement.
J'ai tant gémi et tant renoncé,
déjà je chante.

Il ne faut jamais dire
la joie m'a déserté.
Les cris se muent en danses,
les habits de ténèbres
en parures de joie.

C'est tous les jours Noël !


Jean Harang
1938-1950 - auteur

lundi 2 décembre 2024

Croqueurs de mots défi 298 de Martine

 Défi 298 proposé par Martine 

Les mots valise ! 


C'est plus possible !

 Au bord de la crise

Mes adoleschiantes

Iront rejoindre Papilule

Et Mamimiaulement

Hélas à la garatout pas de train c'est la grève

Urgemment sans blabla un convoiturage est nécessaire

Pour les emmener à la campagne

Chez les grands parandonneurs

Elles y retrouveront le chateigneux 

Le cancaniche et autres animoqueurs

La poissonnnette rouge et le canarisotto 

Elles joueront en duo 

Du pianorbital et du violombric

Les regardiens apprécieront

Ces aspiraleuses à la corbeauté de la jeunesse

Une trêve fort utile pour le défoulement 

Et à leur départ les grands-parents 

Chanteront chicouf !







lundi 25 novembre 2024

l’automne ...


 Derniers beaux jours

les taillis résistent

à la nudité


Matin d'automne

dans la forêt silencieuse

- Seule au monde


jeudi 21 novembre 2024

Jeudi poésie Baudelaire


 — Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?

— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !

Charles Baudelaire 

lundi 18 novembre 2024

Croqueurs de mots 297 Paréidolie pour Zaza

DÉFI 297  

PAREIDOLIE POUR ZAZA


 Promenons nous dans les bois pendant que...
Quand tout à coup un œil vif m'observe ! 

Attention la nature nous épie 
Combien d'êtres se cachent se dissimulent 
Nous surveillent
Inconscients les passants passent  
Mais le petit peuple est aux aguets
Me voilà en face à face  avec cet oiseau
Une sorte de vautour au bec trop long
Par mimétisme ses ailes se confondent avec le cœur de l'arbre
Rien n'échappe à son attention
C'est le gardien du lieu
 Je l'ai salué avec déférence
Lui promettant de ne pas révéler son repaire

...loup y es-tu  m'entends tu...
Oups c'est un de ses voisins
Déjà il se lèche les babines
Manque -t-il de vitamines 
Voyez ses grandes dents
Il me parait affamé
Ne pas s'attarder dans le coin

Les petits chaperons rouges doivent toujours se montrer prudent





jeudi 14 novembre 2024

jeudi poésie Aliette Audra

Ô souvent je voudrais que la vie éternelle

Fût simplement cela : Quelques-uns réunis
Dans un jardin qu'embaume encor la citronnelle,
Réunis par amour dans l'été qui finit.

L'un d'entre eux serait juste arrivé de voyage.
On le ferait asseoir près de la véranda
Où est la lampe, afin de mieux voir son visage,
Son uniforme usé, sa pâleur de soldat .

La plus jeune viendrait le tenir par sa manche,
On n'oserait pas dire : " Tu es pâle..." Et lui,
Devant cette douceur des très anciens dimanches
Souhaite pour pouvoir pleurer, qu'il fasse nuit.

Une voix s'élèverait alors, la musique
Même de jadis au milieu d'un grand respect
Et du cœur de chacun, dans le soir balsamique
Disant ces mots simples : Mes enfants, c'est la paix

Aliette Audra 1897 - 1962 Poèmes pour un marin perdu


mardi 12 novembre 2024

Croqueurs de mots



Ce message est à relayer

à tout l'équipage

Le 11 novembre ça nous a emmêlé

L'annonce pour le prochain défi des croqueurs en est perturbé

mais ne saurait tarder

L'amiral propose de le décaler 

d'une semaine si vous pouvez...



lundi 11 novembre 2024

Hais - Aime




 

Hais Aime

Les deux mots se ressemblent

Se ressemblent fâcheusement

Alors il faut bien faire attention

Bien dire

Bien articuler

Hais

Aime

En insistant sur le « me »

Sur la petite syllabe

Supplémentaire

Qui fait une grande différence

Surtout ne pas les confondre

Comme le bonheur

Et le malheur

Qui finissent de la même manière

Mais ce n’est pas du tout

Pareil

Auteur inconnu ?



jeudi 7 novembre 2024

Jeudi poésie Jean Malrieu

 



Sur le seuil avec beaucoup d'ombre dans le dos
Je n'en finis pas de regarder une rose.
C'est la dernière de l'été. Ma mère aimait cette chanson.
Il est resté quelque chose d'elle dans l'automne
Comme « Soyez heureux » ou « Amitié d'un convive
absent ».

Jean Malrieu 1915 - 1976

lundi 4 novembre 2024

croqueurs de mots défi 296

Défi 296 

Vous êtes une agence immobilière un peu spéciale proposant des habitations hors normes. Vous devrez rédiger une annonce pour attirer des clients …

Vous choisissez une ville, une région ou un pays.

Avec si possible les mots imposés :

Agenda ,Arc en ciel,Bilan carbone,Bottes,Calendrier,Cheminée,Gouffre,Inondation,Résistance,Usine.


L'à-typique agence C. Lharuine  
Vous accueille avec un choix exceptionnel de demeures caractérisées pour leur originalité.
Notre personnel expert en chaque matière est disponible pour toutes vos attentes 

Contacter Madame Beaubard
Noter dans votre agenda un rendez-vous sur place avec cette première proposition 

Vous serez sidéré par ce château troglodyte 
Ici aucun risque d'inondation 
Sur 6 niveaux vous aurez 38 pièces pour batifoler à votre gré 
Mais pour l'accès prévoir des bottes et une lampe torche
Cette demeure a un excellent bilan carbone tout à fait au goût du jour.
Cheminée inutile
La falaise karstique est d'une résistance toute épreuve
L'air est pur pas d'usine à moins de 50 kilomètres
La visite de ce lieu vous mettra un arc en ciel dans les yeux

Sous le logement un gouffre abrite les colonies de chauve-souris incluses dans la prestation.

Suivant son
 calendrier, le fantôme légendaire du maître des lieux peut apparaître sur demande.

Notre catalogue est riche d'autres possibilités tout autant originales

Tour métallique d'artistes disciples d'Eiffel
 
Appartements urbains imaginés par des architectes illuminés
...
Nous vous attendons


(depuis quelques temps je ne reçois plus les Newsletter de certains blogs...pardon pour mon absence de commentaires)

jeudi 31 octobre 2024

jeudi poésie - Marie-Laure Grouard (1822-1843)


 


A M. L. Ulback.

 

Vous m'avez dit un jour : Jeune fille poëte,

Ne chantez point votre âme et cachez votre cœur ;

La femme, parmi nous, doit demeurer muette,

Renier ses amours et garder sa douleur.

 

Et moi je vous réponds : Dites à la tempête,

Aux grands vents, aux grands flots d'étouffer leur fureur ;

Faites taire au vallon l'écho fort qui répète

Ou le cri de souffrance ou le cri du bonheur ;

 

Dites au rossignol, sous la grande ramée,

Que son accent fait peine à votre âme alarmée...

Qu'il se taise toujours... Défendez au reclus

 

D'invoquer l'espérance et la liberté sainte ;

Faites taire tout bruit, tout chant et toute plainte :

Quand tout sera muet, je ne chanterai plus.


Marie-Laure Grouard (1822-1843)


lundi 28 octobre 2024

Annonce pour le défi des croqueurs de mots !

 


Proposition pour les croqueurs de mots 

n° 296

Publication prévue le lundi 4 novembre 2024

 



 Vous êtes une agence immobilière un peu spéciale proposant des habitations hors normes. Vous devrez rédiger une annonce pour attirer des clients …

Vous choisissez une ville, une région ou un pays.

Avec si possible les mots imposés :

Agenda

Arc en ciel

Bilan carbone

Bottes

Calendrier

Cheminée

Gouffre

Inondation

Résistance

Usine

jeudi 24 octobre 2024

Jeudi poésie - Ismaïl Kadaré

 


Absence

Quelques gouttes de pluie ont frappé à la vitre
et j’ai soudain senti combien tu me manquais;
Nous habitons pourtant la même ville
Sans pour ainsi dire nous voir jamais.
Ce matin j’ai l’impression que l’automne
débute avec de drôles d’idées:
pas de cigognes dans le ciel morne,
pas d’arcs-en-ciel après l’ondée.
Une phrase d’Héraclite, il me semble,
m’est revenue je ne sais trop comment:
«Les gens éveillés vivent ensemble;
ceux qui dorment, séparément.»
En quel mauvais rêve avons-nous été engloutis
pour ne plus pouvoir nous réveiller?
A la vitre ont frappé quelques gouttes de pluie
et j’ai soudain senti combien tu me manquais.

Ismaïl Kadaré 1936 - 2024


lundi 21 octobre 2024

croqueurs de mots 295

 Pour ce défi 295, c'est votre commandante qui prend la barre.

Voici ce que je vous propose ...

En vous inspirant de l'image, je vous demande de mettre dans un contexte de votre choix , la phrase suivante : " J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle... "

Pour corser la chose, vous introduirez dans votre texte les mots suivants ...

Manivelle, ablation, poivre, anniversaire, boutons, vert, avion, flacon, explosion, mariage

Voilà, amusez vous surtout et amusez nous

 


Allo , allo quelles nouvelles ?
Partie en voyage pour nous mettre au vert
Dans ma cervelle tourne une manivelle
J'aimerai bien savoir ce que devient notre chaumière...

Tout va très bien  
Pas d'explosion  
C'est juste le mur mitoyen 
Qui donne des émotions

Allo allo ?
Voilà qui gâche notre anniversaire de mariage
Je me sens des boutons j'ai la rage
Le poivre me monte au nez
Vite un avion on va rentrer

Tout va très bien pas d’affolement
Ce n'est qu'un incident
Le voisin ayant trop abusé d'un flacon
A percuté le mur avec sa brouette sans façon
Faudra faire une ablation 

Allo allo?
Notre voisin amputé
Vraiment vous m’inquiétez

Tout va très bien votre voyage peut continuer
Ce n'est que la roue de la brouette qui est voilée
Il vous assure de refaire la peinture
Ce n'est qu'une petite mésaventure...









jeudi 17 octobre 2024

Jeudi Poésie Charles Le Quintrec




Ô mer, ne reste-t-il que sable sur le sable
Pour écrire l'Histoire ? Ô mer sauvée des fables
Quelle écume, à nos pieds, se souvient du chaos ?

Les galets du soleil captent d'autres lumières
Les goémons frottent leurs insectes par milliers
Ce vieux pays en moi
Mais c'est toute la mer !
Le flux et le reflux imposent ma prière
Paysans et pêcheurs savent comment l'aimer.

Dites-moi, mes amis, ce pays vers la mer
Ce pays dans la mer, comment y revenir ?
Rebâtir sur le roc villages de naguère
Qui parle dans mon cœur soudain de rebâtir ?
Prendrai-je le chemin qui nous aide à mourir ?
Suis-je déjà trop loin sur la route éphémère ?

Une rivière va, son bruit blanc, sur les pierres.

 

Charles Le Quintrec 1926 – 2008 

lundi 7 octobre 2024

Croqueurs de mots 294

Pour notre croqueuse de temps  Jeanne Fadosi 

Celles et ceux qui me suivent depuis longtemps 
aux défis d'écriture des CROQUEURS DE MOTS 
se souviennent peut-être qu'un de mes dadas, 
c'est le temps, qu'il soit météorologique ou historique.

Illustrer à votre manière 
(prose, vers, dessins, images) 
(pas trop long svp), 
un monde où le temps serait aboli. 
(Celui de l'Histoire ou celui de la météo ou les deux)



Cette nuit alors que le jour se levait j’ai pu observer la fuite du temps 

En effet l'heure entraînait dans sa fuite sa fille la tirant par la main

Sans doute lassée de tourner en rond

Elle avait brisé la fenêtre pour prendre la poudre d’escampette

Toutes deux couraient se dirigeant vers l’ouest

Pressées semble-t-il d’échapper au soleil

Elles ne supportaient plus  cadran et  ressorts

Un travail sans fin menant à la mort

Éprise d’une envie de liberté

Mère et fille se sont évadées


 

En route pour l’éternité

Elles se rient du soleil et de la pluie

Plus de météo ni de climatologie

Ne craignant pas les ouragans

Ni même l’explosion des volcans

Rendez-vous dans la galaxie

Le temps court à l’infini