lundi 30 janvier 2023

croqueurs de mots défi 276

 

Défi 276 des croqueurs de mots 

Niveaux de langues...


- Tiens donc ! Salut le Christian.

Content de t’revoir…tu sais pas la dernière, en passant devant chez la Marcelle v’la t’y pas qu'elle est dans ses nerfs tout ça parce que sa chatte vient de mettre bas et faut qu’elle s’en débarrasse vite fait.

- Bonjour André.

Il y a un certain temps que nous n’avons eu l’occasion de nous voir. Cette histoire de chat peut m’intéresser car j’envisage d’en adopter un prochainement.

- Un chat ? pour quoi faire, ton chien ça n’ te suffit pas ? comment ça va l’faire avec un chat !

- César est vieux et j’aime la compagnie des chats. Mon chien est tranquille et je saurai lui faire admettre un chaton, je plaiderai sa cause avec douceur et patience. Un animal de compagnie s’associe à nos peines comme à nos plaisirs.

- Mon chien j’l’aime bien parce c’est un bon gardien mais j’y cause pas juste pour lui dire assis ou couché, et l’chat doit chasser les souris, il reste dans la grange pas dans la maison.

- Evidemment c’est son rôle premier, il n’empêche que nos animaux familiers apprécient notre présence et savent aussi éprouver quelques sentiments à notre égard. Il faut voir comme ils nous rendent l’amour qu’on leur porte. Ne dit-on pas qu’on reconnait le maître dans leurs comportements.

-Ouais t’as p’têt raison mais le chat j’dis qu’c’est pour chasser…si t’en veux un va voir la Marcelle. A la revoyure…

- Au revoir André, nous aurons certainement l’occasion d’une prochaine fois…

jeudi 26 janvier 2023

Jeudi poésie

 Pour l'équipage François et Marie 

et les croqueurs de mots

Exposition Giacometti  Landerneau 2015


L'été sera l'hiver et le printemps l'automne,

Mon cœur sans battement, ma tête décervelée

Tu serais présent pour toujours à mon coté

Et ta voix résonnerait comme l’orage tonne

L’ennui sera un jeu, le jeu deviendra ennui

On me verra près de toi jusqu’au bout de la vie…

 

Stances de l’impossible

L'été sera l'hiver et le printemps l'automne,

Amadis JAMYN   1538-1592)



jeudi 19 janvier 2023

Jeudi poésie Voyage


Jeudi Poésie Voyage  



Villégiature

J’ai souvent comparé la villégiature
Aux phases d’un voyage entrepris en commun
Avec des étrangers de diverse nature
Dont on n’a de ses jours vu ni connu pas un.

Au début de la route, en montant en voiture,
On s’observe : – l’un l’autre on se trouve importun ;
L’entretien languissant meurt faute de pâture…
Mais, petit à petit, on s’anime ; et chacun

A l’entrain général à son tour s’associe :
On cause, on s’abandonne, et plus d’un s’apprécie.
– Les chevaux cependant marchent sans s’arrêter ;

Et c’est lorsqu’on commence à peine à se connaître,
Que l’on se juge mieux, – qu’on s’aimerait peut-être,
– C’est alors qu’on arrive, – et qu’il faut se quitter.

Félix Arvers, Pièces inédites, 1851


jeudi 12 janvier 2023

Poésie du jeudi José Luis Borgès

Défi proposé par : Durgalola (Petites graines) 

jeudi en poésie du 12 janvier : 

"poètes d'ailleurs "


José Luis Borgès - joueurs d’échecs 

Dans leur grave retrait, les deux joueurs
guident leurs lentes pièces. L’échiquier
jusqu’à l’aube les retient prisonniers,
espace où se haïssent deux couleurs.

Irradiation de magiques rigueurs,
les formes : tour homérique, léger
cheval, reine en armes, roi, le dernier,
l’oblique fou et les pions agresseurs.

Quand les joueurs se seront retirés,
et quand le temps les aura consumés,
le rite, alors, ne sera pas fini.

C’est à l’orient qu’a pris feu cette guerre
dont le théâtre est aujourd’hui la terre.
Comme l’autre, ce jeu est infini.


II

Roi faible, torve fou, et acharnée,
la reine, tour directe et pion malin
sur le noir et le blanc de leur chemin
cherchent et se livrent un combat concerté.

Ils ne connaissent pas la primauté
de la main qui gouverne leur destin,
ils ignorent qu’une rigueur sans frein
commande leur journée, leur liberté.

Le joueur lui aussi est prisonnier
(Omar l’a dit) d’un tout autre échiquier
où blancs sont les jours et noires les nuits.

Dieu pousse le joueur et lui, la dame,
quel dieu derrière Dieu, tisse la trame :
poussière et temps et songe et agonies ?


Jorge Luís Borges, extrait de La proximité de la mer, Une anthologie de 99 poèmes nrf Gallimard, 2010 – Trad. Jacques Ancet