Dans ce jour qui finit...
Dans ce jour qui finit comme tous les beaux jours,
Tandis que de grands bœufs, aux fronts cornus et lourds,
S'en reviennent, suivis par leur pâtre tranquille,
Le poète, tout seul, retourne vers la ville.
Mais avant que son pas ait rejoint les maisons,
Il égare sa vue aux lointains horizon,
Il laisse sa pensée errer, lente et sereine,
Des collines sans fin à l'idyllique plaine.
Sous la lumière d'or de l'astre qui descend,
Son esprit s'élargit ; il sourit au passant,
Il regarde, le long du sentier qui serpente,
Les calmes oliviers grimper de pente en pente.
Il a tout oublié des maux longtemps soufferts :
Son âme est rayonnante ainsi que l'Univers.
Pour l'élever plus haut que toi même, ô Nature,
Tu lui parles au cœur, de ta voix grave et pure,
Devant cette orbe en feu, disparaissant là-bas,
Il rêve d'un soleil qui ne se couche pas :
Et doucement, avant que la clarté ne meure,
il bénit et l'espace et la saison et l'heure.
Louis LE CARDONNEL (Carmina Sacra)