Désert
Pour Jean Blanzat
Noir, jailli des moissons arrachées, un désert.
Miettes d'ombres, glaneurs aveugles du désert
Ils vont, rêvant leur village, heurtant le désert ;
Rêvant leurs amours et les arbres et la terre
Ils tâtonnent...
S'ils allaient oublier leur terre,
S'ils allaient perdre avec la paix leur sang de terre...
Au-devant d'eux, froissement d'astre mort, la guerre,
Ils touchent de leurs lèvres tremblantes la guerre —
Et de leurs larmes, où se fondent cette guerre
Et le tendre savoir paysan de la chair...
Commence la nuit déboisée de votre chair.
Georges-Emmanuel Clancier 1914 - 2018