jeudi 31 octobre 2024

jeudi poésie - Marie-Laure Grouard (1822-1843)


 


A M. L. Ulback.

 

Vous m'avez dit un jour : Jeune fille poëte,

Ne chantez point votre âme et cachez votre cœur ;

La femme, parmi nous, doit demeurer muette,

Renier ses amours et garder sa douleur.

 

Et moi je vous réponds : Dites à la tempête,

Aux grands vents, aux grands flots d'étouffer leur fureur ;

Faites taire au vallon l'écho fort qui répète

Ou le cri de souffrance ou le cri du bonheur ;

 

Dites au rossignol, sous la grande ramée,

Que son accent fait peine à votre âme alarmée...

Qu'il se taise toujours... Défendez au reclus

 

D'invoquer l'espérance et la liberté sainte ;

Faites taire tout bruit, tout chant et toute plainte :

Quand tout sera muet, je ne chanterai plus.


Marie-Laure Grouard (1822-1843)


lundi 28 octobre 2024

Annonce pour le défi des croqueurs de mots !

 


Proposition pour les croqueurs de mots 

n° 296

Publication prévue le lundi 4 novembre 2024

 



 Vous êtes une agence immobilière un peu spéciale proposant des habitations hors normes. Vous devrez rédiger une annonce pour attirer des clients …

Vous choisissez une ville, une région ou un pays.

Avec si possible les mots imposés :

Agenda

Arc en ciel

Bilan carbone

Bottes

Calendrier

Cheminée

Gouffre

Inondation

Résistance

Usine

jeudi 24 octobre 2024

Jeudi poésie - Ismaïl Kadaré

 


Absence

Quelques gouttes de pluie ont frappé à la vitre
et j’ai soudain senti combien tu me manquais;
Nous habitons pourtant la même ville
Sans pour ainsi dire nous voir jamais.
Ce matin j’ai l’impression que l’automne
débute avec de drôles d’idées:
pas de cigognes dans le ciel morne,
pas d’arcs-en-ciel après l’ondée.
Une phrase d’Héraclite, il me semble,
m’est revenue je ne sais trop comment:
«Les gens éveillés vivent ensemble;
ceux qui dorment, séparément.»
En quel mauvais rêve avons-nous été engloutis
pour ne plus pouvoir nous réveiller?
A la vitre ont frappé quelques gouttes de pluie
et j’ai soudain senti combien tu me manquais.

Ismaïl Kadaré 1936 - 2024


lundi 21 octobre 2024

croqueurs de mots 295

 Pour ce défi 295, c'est votre commandante qui prend la barre.

Voici ce que je vous propose ...

En vous inspirant de l'image, je vous demande de mettre dans un contexte de votre choix , la phrase suivante : " J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle... "

Pour corser la chose, vous introduirez dans votre texte les mots suivants ...

Manivelle, ablation, poivre, anniversaire, boutons, vert, avion, flacon, explosion, mariage

Voilà, amusez vous surtout et amusez nous

 


Allo , allo quelles nouvelles ?
Partie en voyage pour nous mettre au vert
Dans ma cervelle tourne une manivelle
J'aimerai bien savoir ce que devient notre chaumière...

Tout va très bien  
Pas d'explosion  
C'est juste le mur mitoyen 
Qui donne des émotions

Allo allo ?
Voilà qui gâche notre anniversaire de mariage
Je me sens des boutons j'ai la rage
Le poivre me monte au nez
Vite un avion on va rentrer

Tout va très bien pas d’affolement
Ce n'est qu'un incident
Le voisin ayant trop abusé d'un flacon
A percuté le mur avec sa brouette sans façon
Faudra faire une ablation 

Allo allo?
Notre voisin amputé
Vraiment vous m’inquiétez

Tout va très bien votre voyage peut continuer
Ce n'est que la roue de la brouette qui est voilée
Il vous assure de refaire la peinture
Ce n'est qu'une petite mésaventure...









jeudi 17 octobre 2024

Jeudi Poésie Charles Le Quintrec




Ô mer, ne reste-t-il que sable sur le sable
Pour écrire l'Histoire ? Ô mer sauvée des fables
Quelle écume, à nos pieds, se souvient du chaos ?

Les galets du soleil captent d'autres lumières
Les goémons frottent leurs insectes par milliers
Ce vieux pays en moi
Mais c'est toute la mer !
Le flux et le reflux imposent ma prière
Paysans et pêcheurs savent comment l'aimer.

Dites-moi, mes amis, ce pays vers la mer
Ce pays dans la mer, comment y revenir ?
Rebâtir sur le roc villages de naguère
Qui parle dans mon cœur soudain de rebâtir ?
Prendrai-je le chemin qui nous aide à mourir ?
Suis-je déjà trop loin sur la route éphémère ?

Une rivière va, son bruit blanc, sur les pierres.

 

Charles Le Quintrec 1926 – 2008 

lundi 7 octobre 2024

Croqueurs de mots 294

Pour notre croqueuse de temps  Jeanne Fadosi 

Celles et ceux qui me suivent depuis longtemps 
aux défis d'écriture des CROQUEURS DE MOTS 
se souviennent peut-être qu'un de mes dadas, 
c'est le temps, qu'il soit météorologique ou historique.

Illustrer à votre manière 
(prose, vers, dessins, images) 
(pas trop long svp), 
un monde où le temps serait aboli. 
(Celui de l'Histoire ou celui de la météo ou les deux)



Cette nuit alors que le jour se levait j’ai pu observer la fuite du temps 

En effet l'heure entraînait dans sa fuite sa fille la tirant par la main

Sans doute lassée de tourner en rond

Elle avait brisé la fenêtre pour prendre la poudre d’escampette

Toutes deux couraient se dirigeant vers l’ouest

Pressées semble-t-il d’échapper au soleil

Elles ne supportaient plus  cadran et  ressorts

Un travail sans fin menant à la mort

Éprise d’une envie de liberté

Mère et fille se sont évadées


 

En route pour l’éternité

Elles se rient du soleil et de la pluie

Plus de météo ni de climatologie

Ne craignant pas les ouragans

Ni même l’explosion des volcans

Rendez-vous dans la galaxie

Le temps court à l’infini



jeudi 3 octobre 2024

Jeudi Poésie Fiodor Dostoïevski




Oh, qu’importent mes peines et mes malheurs si j’ai en moi la force d’être heureux !

Vous savez, je ne comprends pas comment on peut passer à côté d’un arbre sans être heureux de le voir.

Parler avec un homme et ne pas se sentir heureux de l’aimer !

Oh, je ne sais seulement pas m’exprimer… combien de belles choses ne rencontre-t-on pas à chaque pas, si belles que même l’homme le plus désemparé ne peut pas ne pas les trouver belles.

Regardez un enfant, regardez l’aurore du bon Dieu, regardez l’herbe qui croît, regardez les yeux qui vous regardent et qui vous aiment.

 

Fiodor Dostoïevski