jeudi 25 avril 2024

Jeudi poésie Pommes !

 






La pomme

Une pomme rubiconde
Se pavanait, proclamant
Qu’elle était le plus beau
de tous les fruits du monde,
Le plus tendre, le plus charmant,
Le plus sucré, le plus suave,
Ni la mangue, ni l’agave,
Le melon délicieux,
Ni l’ananas, ni l’orange,
Aucun des fruits que l’on mange
Sous l’un ou l’autre des cieux,
Ni la rouge sapotille,
La fraise, ni la myrtille
N’avait sa chair exquise et sa vive couleur.
On ne pourrait jamais lui trouver une sœur.
La brise répandait alentour son arôme
Et sa pourpre éclatait sur le feuillage vert.
- "Oui, c’est vrai, c’est bien vrai!"
dit un tout petit vers
Blotti dans le creux de la pomme. 

Pierre GAMARRA (1919 - 2009) -


lundi 22 avril 2024

Croqueurs de mots défi 291 Le Paradis

 Défi 291 les Cabardouche à la barre

Réécrire une histoire en changeant de point de vue ! 

Au paradis 



Je vais vous raconter comment un Mâle heureux est devenu un malheureux., il faut avouez j’en fut la cause involontaire.
Tout d’abord permettez-moi de me présenter : Malus pour vous servir.
C’était il y a bien longtemps, je trônais dans un jardin merveilleux et sans fausse modestie mes fruits étaient les plus gros et les plus sucrés. Un couple d’humain batifolait sereinement dans mon ombre. L’été s’éternisait et mes fruits narguaient la Belle assoiffée. J’oublie un détail, étant l'arbre roi du jardin il y avait une interdiction formelle de cueillir mes pommes.
La soif devenant insupportable, la Belle demanda à son ami d’attraper la plus grosse pomme, l’homme qui jouait à chercher des trèfles à quatre feuilles fit la sourde oreille et continua son occupation puérile…
 Khaa passant par là se proposa de grimper autour de mon tronc et se fit une joie de se moquer des lois…j’en ai encore la chair de poule ! il y arriva l’animal et fit tomber mon plus beau fruit au pied de l'innocente Belle qui ravie le ramassa et le goûta, généreusement l’inconsciente va trouver l’homme pour partager ce délice.
Catastrophe ! le propriétaire était dans les parages. Piquant une grosse colère il renvoya ce pauvre couple le menaçant de représailles terribles.
J’en fut une victime collatérale puisqu’on me donna ce nom de Malus ayant porté malheur aux mâles heureux.
Pourtant je vous assure qu’il n’y a pas meilleur que moi, au printemps j’offre des fleurs merveilleuses, l’été une ombre bien douce et l’automne un régal sans pareil, quelle injustice ?



jeudi 18 avril 2024

jeudi poésie Apollinaire


 

l'Adieu

J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913


jeudi 11 avril 2024

Jeudi poésie Anna de Noailles






 

La vie profonde
 
Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains.
 
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace.
 
Sentir, dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre ;
— S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
 
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du cœur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
 
Anna de Noailles (1876-1933)

dimanche 7 avril 2024

tercets printaniers

 


Quel déluge -

trempée comme une soupe

j'attends mon bus



Dans l'eau courante

le saule pleure son reflet

où es-tu Printemps



La pervenche

cette belle si discrète

- sourire d'avril

jeudi 4 avril 2024

Jeudi poésie : Gérard de Nerval - Avril




Avril

Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

Gérard de Nerval, Odelettes