jeudi 24 avril 2025

Jeudi Poésie Maurice Carême - Les machines

 


Les machines avaient commencé
Par rire comme des enfants
Qui semblaient vouloir amuser
Les gens de tous les continents.

Puis elles avaient tant grandi
Qu'elles étaient devenues comme
Des adolescents, puis des hommes
Précieusement munis d'outils.

Enfin, se fiant au silence
Et à la morne indifférence
De ceux qui en usaient,

Elles se mirent lentement
A devenir ces lourds géants
Qui nous broient dans leurs rets.

Maurice Carême


jeudi 17 avril 2025

Poésie du jeudi Marcel Pagnol


Voici venir Pâques fleuries,
Et devant les confiseries
Les petits vagabonds s’arrêtent, envieux.
Ils lèchent leurs lèvres de rose
Tout en contemplant quelque chose
Qui met de la flamme à leurs yeux.

Leurs regards avides attaquent
Les magnifiques œufs de Pâques
Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins,
Magnifiques, fermes et lisses,
Et que regardent en coulisse
Les poissons d’avril, leurs voisins.

Les uns sont blancs comme la neige.
Des copeaux soyeux les protègent.
Leurs flancs sont faits de sucre. Et l’on voit, à côté,
D’autres, montrant sur leurs flancs sombres
De chocolat brillant dans l’ombre,
De tout petits anges sculptés.

Les uns sont petits et graciles,
Il semble qu’il serait facile
D’en croquer plus d’un à la fois ;
Et d’autres, prenant bien leurs aises,
Unis, simples, pansus, obèses,
S’étalent comme des bourgeois.

Tous sont noués de faveurs roses.
On sent que mille bonnes choses
Logent dans leurs flancs spacieux
L’estomac et la poche vides,
Les pauvres petits, l’œil avide,
Semblent les savourer des yeux. 

Marcel Pagnol

dimanche 13 avril 2025

Photo du dimanche avec Monica

 

Photo du dimanche avec Monica ..


Pâques approche

le parc de la mairie va devenir un terrain de chasse aux œufs pour les enfants

jeudi 10 avril 2025

Jeudi poésie - Verlaine !

Art poétique

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...

Et tout le reste est littérature. 

Paul Verlaine

lundi 7 avril 2025

Croqueurs de mots défi 305...

 



Pour le défi N°305 des Croqueurs, c'est An'Maï qui s'y colle !
Elle vous propose de poursuivre, en vers ou en prose ce vers du poème de Verlaine :
"Il pleure dans mon cœur"

 Bien que ce début paraisse mélancolique, il n'est pas obligatoire que votre texte  le soit. Humour et fantaisie sont permis.



Il pleut dans mon cœur...

Il pleut c'est le bonheur
Une neige rose et parfumée
Le printemps enfin est arrivé
Les sanglots longs des violons de l'automne
Berçaient les graines reposant dans les sillons
Elles attendaient que le printemps chantonne
Pour exploser en floraison
Implorant du ciel
La pluie et le vent d'avril
Sous les rayons du soleil
Elles rougissent et babillent
Et les arbres verts aiment
Le chant des oiseaux moqueurs
Quand bientôt aux nids même
De l’œuf naîtront des oisillons râleurs
Tant pis pour ce pauvre Verlaine
Si je lui fais de la peine
Mais le ciel restera bleu...par dessus les arbres ! 





jeudi 3 avril 2025

Jeudi poésie - Marie Noël

Entrez tous dans la danse,

Jours tendres, jeunes mois,
Enlacez en cadence
Vos souffles à ma voix.

 

Mars, entre ! Je t’attrape,
Espiègle ! Vert cabri
Qui de l’hiver t’échappes,
Trop las d’être à l’abri.

 

Entrez, Avril la folle
Qui rit entre ses pleurs,
Mai dont le coeur s’envole
Dans le pollen des fleurs ;

 

Entrez ! Sur la pelouse,
Dansez, mois gais, mois purs…
Mais le reste des douze

Est trop vieux ou trop mûr… 

 Marie Noël 1883 - 1967