lundi 26 août 2024

Extrait de « Dans la poigne du vent » de François-Xavier MAIGRE



Tous ces gens qui vont et viennent
Ne savent pas qu’ils sont dans ce poème
Le rire des enfants de passage
La maladresse des jeunes couples
Cette façon discrète qu’ont nos anciens
De paresser sous les ramures
Rien ne s’échappe
Rien ne se perd et tout prend corps
Sous la forge inextricable du poème
La synchronie des foules
Révélée au plus insignifiant
L’harmonie de l’espèce arrachée à l’oubli
L’union à son degré la plus haut
Ce pouvoir inutile de rendre les mots
A ceux qui croient ne plus en avoir besoin
Aux présents et aux absents
Au tournoiement des pigeons gris
Et jusqu’au silence
Des angelots de pierre
 
Extrait de « Dans la poigne du vent » de 

François-Xavier MAIGRE

lundi 19 août 2024

à la mi-août le chat s'impose

 

Un petit clin d’œil à Tilia 



Au commencement, Dieu créa le chat à son image. Et bien entendu, il trouva que c'était bien. Et c'était bien, d'ailleurs. Mais le chat était paresseux. Il ne voulait rien faire. Alors, plus tard, après quelques millénaires, Dieu créa l'homme. 

Uniquement dans le but de servir le chat, de lui servir d'esclave jusqu'à la fin des temps. Au chat, il avait donné l’indolence et la lucidité; à l'homme, il donna la névrose, le don du bricolage et la passion du travail. L'homme s'en donna à cœur joie. Au cours des siècles, il édifia toute une civilisation basée sur l’invention, la production et la consommation intensive. Civilisation qui n'avait en réalité qu'un seul but secret : offrir au chat le confort, le gîte et le couvert. 

C'est dire que l’homme inventa des millions d'objets inutiles, généralement absurdes, tout cela pour produire parallèlement les quelques objets indispensables au bien-être du chat : le radiateur, le coussin, le bol, le plat à sciure, le pêcheur breton, le tapis, la moquette, le panier d'osier, et peut-être aussi la radio puisque les chats aiment la musique. Mais, de tout cela, les hommes ne savent rien. A leurs souhaits. Bénis soient-ils. Et ils croient l’être. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des chats.

Jacques Sternberg Contes glacés



lundi 12 août 2024

Poésie Mallarmé

 



Apparition

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’énivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

Stéphane Mallarmé Vers et Prose, 1893

mercredi 7 août 2024

Paris en vélo




PARIS en vélo

A Clichy Sur un vélo gris

A Maubert Sur un vélo vert

A Saint Leu Sur un vélo bleu

A Montrouge Sur un vélo rouge

A Clamart Sur un vélo noir

A Cachan Sur un vélo blanc

Gare du Nord Sur un vélo d'or

Place Vendôme Sur un vélo jaune

En cortège Sur un vélo beige

Mais à Saint Germain-de-Prés

J'y vais à pied.

Jacques CHARPENTREAU