vendredi 20 juin 2025

Vendredi Poésie !


 

Sonnet d’été

Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d’une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu’un jour faible et doux ressemblant au soir.

Une blonde frêle en mignon peignoir
Tirera des sons d’une mandoline,
Et les blancs rideaux tout en mousseline
Seront réfléchis par un grand miroir.

Quand nous aurons faim, pour toute cuisine
Nous grignoterons des fruits de la Chine,
Et nous ne boirons que dans du vermeil ;

Pour nous endormir, ainsi que des chattes
Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ;
Nous oublierons tout, – même le soleil !

Germain Nouveau 1851 - 1920

 


9 commentaires:

  1. Délicieuse ambiance, merci Josette ;-) bises jill

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  2. Ce doux poème pour rebondir sur celui si doux que tu nous proposes ce matin
    J'ai emprunté au hasard de ma lecture qq mots pour construire ma bafouille
    Bonne journée
    Rose 🌹
    -------
    Dans son boudoir, un air divin
    Elle chantait dès le matin.
    Le soir, en soie, doux peignoir
    Elle jouait de la mandoline noire.
    Devant son miroir, en routine
    Elle rêvait d’une grande cuisine
    Tressant ses nattes avec orgueil
    Sous les rayons d’un chaud soleil.

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  3. Très belle photo!
    Merci pour la découverte de ce poème.
    Il me semble qu'il sonne , en écho , au poème de Baudelaire:
    "Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères" (citation de mémoire) dans une tonalité différente.

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  4. La Mort des amants

    Charles Baudelaire
    Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
    Des divans profonds comme des tombeaux,
    Et d’étranges fleurs sur des étagères,
    Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.

    Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
    Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
    Qui réfléchiront leurs doubles lumières
    Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

    Un soir fait de rose et de bleu mystique,
    Nous échangerons un éclair unique,
    Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;

    Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
    Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
    Les miroirs ternis et les flammes mortes.

    Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

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  5. Je decouvre aussi ce poème dont j'aime beaucoup la chute

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  6. Coucou ma Josette.
    Il est magnifique ce sonnet d'été, merci.
    Bises et bon vendredi - Zaza

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  7. Merci à tes lectrices de m'avoir remis en mémoire le poème de Baudelaire.
    Dans les deux, une belle atmosphère.
    Bisous et bon vendredi, Josette!

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