La Voix
Mon berceau s'adossait à la bibliothèque,
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
Se mêlaient. J'était haut comme un in-folio.
Deux voix me parlaient. L'une, insidieuse et ferme,
Disait: «La Terre
est un gâteau plein de douceur;
Je puis (et ton plaisir serait alors sans terme!)
Te faire un appétit d'une égale grosseur.»
Et l'autre: «Viens! oh! viens voyager dans les rêves,
Au delà du possible, au delà du connu!»
Et celle-là chantait comme le vent des grèves,
Fantôme vagissant, on ne sait d'où venu,
Qui caresse l'oreille et cependant l'effraie.
Je te répondis: «Oui! douce voix!» C'est d'alors
Que date ce qu'on peut, hélas! nommer ma plaie
Et ma fatalité. Derrière les décors
De l'existence immense, au plus noir de l'abîme,
Je vois distinctement des mondes singuliers,
Et, de ma clairvoyance extatique victime,
Je traîne des serpents qui mordent mes souliers.
Et c'est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
J'aime si tendrement le désert et la mer;
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
Et trouve un goût suave au vin le plus amer;
Que je prends très souvent les faits pour des mensonges,
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
Mais la voix me console et dit: «Garde tes songes:
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!»
C'est un bon choix Josette..
RépondreSupprimer"Les sages n'ont pas de si beaux rêves que les fous !"
Belle journée à toi!
Ici sous la pluie, le soleil n'est pas encore pour demain
une conclusion qui me plait...
RépondreSupprimerJ'aime qu'il ait partagé ses songes...
RépondreSupprimerBaudelaire Prince de la poésie
SupprimerTu peux l'écouter ici
RépondreSupprimerBonne journée
Merci, c'est sympa d'avoir mis le lien
Supprimerbonne journée...humide
Une bonne explication à propos de ce poème ici.
RépondreSupprimerhttp://ogressedeparis.canalblog.com/archives/2009/03/23/13094919.html
Cela fait plaisir de relire des textes oubliés ou enfouis bien profondément. Beau partage.
merci pour ce lien Thérèse, j'ai beaucoup aimé cette analyse
SupprimerMerci Thérèse et Josette cela fait vraiment plaisir!
SupprimerC'est une très belle façon de fêter le jour de la naissance de ce grand poète.
RépondreSupprimerMerci pour ce beau rappel.
Gros bisous Josette, belle soirée
le jour de sa naissance et pour le printemps des poètes dont "les voix" sont le thème cette année Mireille
Supprimerbisous
J'ai eu plaisir à lire et à écouter ce texte.
RépondreSupprimerUne bonne façon de débuter la soirée pour moi...
Merci Josette
le lire, l'écouter et voir les explication proposées par Thérèse...
Supprimerbonne soirée Marie-Paule
Tu as choisi un des meilleurs poètes
RépondreSupprimerje ne m'en lasse pas Gérard !
SupprimerMerci pour ce beau poème que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimeron ne peut pas tout connaitre de Baudelaire Solange...je l'aime beaucoup
SupprimerQuelle joie de retrouver ce poème chez toi !!!
RépondreSupprimerJ'adore... et il y avait bien longtemps que je ne l'avais lu...
Merci, Josette.
Bisous et douce soirée.
j'aime bien mettre mes poèmes favoris au fil du temps
SupprimerSuperbe poème qu'il faut lire et relire pour en saisir tout le sens!
RépondreSupprimerOui, la conclusion est vraiment à retenir!
«Garde tes songes:
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!»
Je te quitte en l'emmenant avec moi!
BISOU BISOU BISOU...et merci pour tes petits mots dans mes sabots;o)
Moi aussi cette conclusion me plait beaucoup...
SupprimerAh, j'oubliais!
RépondreSupprimerNon, ce ne sont pas des crocus sativa...mais si j'en avais trouvé il y a longtemps que j'en aurais plantés!
j'imagine Crémilde ! de l'or ces crocus là, il y en a près d'Orléans je crois
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