jeudi 17 avril 2025

Poésie du jeudi Marcel Pagnol


Voici venir Pâques fleuries,
Et devant les confiseries
Les petits vagabonds s’arrêtent, envieux.
Ils lèchent leurs lèvres de rose
Tout en contemplant quelque chose
Qui met de la flamme à leurs yeux.

Leurs regards avides attaquent
Les magnifiques œufs de Pâques
Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins,
Magnifiques, fermes et lisses,
Et que regardent en coulisse
Les poissons d’avril, leurs voisins.

Les uns sont blancs comme la neige.
Des copeaux soyeux les protègent.
Leurs flancs sont faits de sucre. Et l’on voit, à côté,
D’autres, montrant sur leurs flancs sombres
De chocolat brillant dans l’ombre,
De tout petits anges sculptés.

Les uns sont petits et graciles,
Il semble qu’il serait facile
D’en croquer plus d’un à la fois ;
Et d’autres, prenant bien leurs aises,
Unis, simples, pansus, obèses,
S’étalent comme des bourgeois.

Tous sont noués de faveurs roses.
On sent que mille bonnes choses
Logent dans leurs flancs spacieux
L’estomac et la poche vides,
Les pauvres petits, l’œil avide,
Semblent les savourer des yeux. 

Marcel Pagnol

dimanche 13 avril 2025

Photo du dimanche avec Monica

 

Photo du dimanche avec Monica ..


Pâques approche

le parc de la mairie va devenir un terrain de chasse aux œufs pour les enfants

jeudi 10 avril 2025

Jeudi poésie - Verlaine !

Art poétique

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...

Et tout le reste est littérature. 

Paul Verlaine

lundi 7 avril 2025

Croqueurs de mots défi 305...

 



Pour le défi N°305 des Croqueurs, c'est An'Maï qui s'y colle !
Elle vous propose de poursuivre, en vers ou en prose ce vers du poème de Verlaine :
"Il pleure dans mon cœur"

 Bien que ce début paraisse mélancolique, il n'est pas obligatoire que votre texte  le soit. Humour et fantaisie sont permis.



Il pleut dans mon cœur...

Il pleut c'est le bonheur
Une neige rose et parfumée
Le printemps enfin est arrivé
Les sanglots longs des violons de l'automne
Berçaient les graines reposant dans les sillons
Elles attendaient que le printemps chantonne
Pour exploser en floraison
Implorant du ciel
La pluie et le vent d'avril
Sous les rayons du soleil
Elles rougissent et babillent
Et les arbres verts aiment
Le chant des oiseaux moqueurs
Quand bientôt aux nids même
De l’œuf naîtront des oisillons râleurs
Tant pis pour ce pauvre Verlaine
Si je lui fais de la peine
Mais le ciel restera bleu...par dessus les arbres ! 





jeudi 3 avril 2025

Jeudi poésie - Marie Noël

Entrez tous dans la danse,

Jours tendres, jeunes mois,
Enlacez en cadence
Vos souffles à ma voix.

 

Mars, entre ! Je t’attrape,
Espiègle ! Vert cabri
Qui de l’hiver t’échappes,
Trop las d’être à l’abri.

 

Entrez, Avril la folle
Qui rit entre ses pleurs,
Mai dont le coeur s’envole
Dans le pollen des fleurs ;

 

Entrez ! Sur la pelouse,
Dansez, mois gais, mois purs…
Mais le reste des douze

Est trop vieux ou trop mûr… 

 Marie Noël 1883 - 1967

jeudi 27 mars 2025

Jeudi poésie l'Art et l'Âme !

Les peintures ont leur vie propre 

qui vient entièrement de l'âme du peintre

Vincent Van Gogh

Dépendre uniquement de la vue en négligeant l'esprit,

c'est se borner à ne voir et à ne peindre que 

le côté superficiel de la forme.

Pour acquérir la vraie connaissance de la forme, 

il faut illuminer toute chose

avec le rayon de notre âme 

et être prêt à recevoir la lumière

qui émane des choses visibles et invisibles.

Abanindrath Tagore

Une peinture est la meilleure image cachée de celui qui la peint

Pablo Picasso


Les choses nous rendent regard pour regard.

Elles nous paraissent indifférentes parce que 

nous les regardons d'un regard indifférent.

Mais pour un œil clair, tout est miroir ;

pour un regard sincère et grave, tout est profondeur.

Gaston Bachelard

lundi 24 mars 2025

Croqueurs de mots 304

 

Défi 304 mené artistiquement par Rose


Le rôle de l'art dans la société : est-il encore pertinent aujourd'hui pour vous ?

L'art comme moteur économique et culturel

Et vivre avec son temps 

Évolution technologique et art numérique

Mémoire réalisé dans le cadre du mastère de Direction Artistique et Numérique
Le Cars Chloé  2024 - LISAA Rennes

Rose nous propose un vaste sujet de thèse...

Pour moi l'Art est une échappatoire aux contraintes du temps,c'est l'expression d'une émotion, 
il a un lien direct avec ce que je ressens, 
une oeuvre peut être d'un grand intérêt sans que je la trouve belle...
Roy Lichtenstein  Hommage à Picasso 1973

L'artiste à toute liberté. 
 Sa création est une réflexion sur notre monde.
L'évolution de l'art est permanente 
 dépendante de techniques mises au point par l'homme.
Des cavernes à l'ordinateur ! 
Peintures, sculptures, musiques...quelle évolution !
Les galeries et les "influenceurs" créateurs d’événementiels
agitent une mode qui fait parfois beaucoup de bruit.
La cote d'un artiste est aussi variable que la météo.
A chacun de suivre...ou pas !
Des expositions profitent du succès de gigantesques  projections nous emmenant dans un monde virtuel.
Elles attirent un nouveau public qui pensait les musée poussiéreux.
 Je préfère voir les œuvres "en vrai" quand je le peux !
A l'époque de l'Intelligence Artificielle les artistes s'interrogent à la façon de s'accaparer ce nouvel outil.
Et vous qu'en pensez-vous ?






dimanche 23 mars 2025

Photo du dimanche avec Monica

 

Le dimanche avec Monica 


Au cours d'une balade cette semaine 

j'ai vu ce vieil arbre qui résiste au temps ! 

jeudi 20 mars 2025

Jeudi poésie - Ibrahim Safa



 

C’est moi, le coquelicot sauvage, libre je vis, libre je fleuris.

 

C’est moi le coquelicot sauvage

On ne me cultive pas, on ne me parfume pas

J’ai élu demeure dans les steppes comme mes compagnes les biches

L’eau je la tiens de la pluie, loin des rives du ruisseau

Où l’on est trop à l’étroit

Au jardin, je ne pousse pas

 

C’est moi, le coquelicot sauvage, libre je vis, libre je fleuris

 

Si mes joues sont enflammées, c’est par le sang de mes veines

La beauté de mon visage se passe de tout artifice

Tête haute, ferme sur ma tige je n’ai besoin de personne

Ni de languir pour l’Aimé

Ni de me soucier du monde

 

C’est moi, le coquelicot sauvage, libre je vis, libre je fleuris

 

Vois-tu le feu de l’ivresse, couleur de ma robe pourprée

Et la blessure de l’Amour marque mon cœur brisé

Insouciante et libre, je me suis rendue aux plaines

Quand le sort d’un fol amour de la ville m’a chassée

 

C’est moi, le coquelicot sauvage, libre je vis, libre je fleuris

 

De mes couleurs verte et rouge, je dessine un jardin

Et la biche de Khotan s’enivre de mon parfum

Elle ploie sous le jeu de l’ivresse et à chaque instant me redresse

Je suis grâce de haut en bas, on ne me résiste pas

 

C’est moi, le coquelicot sauvage, libre je vis, libre je fleuris

Libre je suis sortie de terre, libre je mourrai.

 

Traduction : Sabrina Nouri

 

Ibrahim Safa (1904 -1971) est un poète afghan.


dimanche 16 mars 2025

Photo du dimanche

Photo du dimanche pour Monica 

L'art aborigène est profondément enraciné dans le Temps du rêve, également connu sous le nom de Jukurrpa ou Songlines. Cette tradition raconte les histoires du Rêve de l'artiste, où des êtres surnaturels parcouraient le territoire vide, créant tout.


jeudi 13 mars 2025

Jeudi Poésie - Paul Eluard

 


La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.

Paul Eluard 1895 - 1952


lundi 10 mars 2025

Croqueurs de mots N° 303

 


Les petites graines proposent : 

Défi 303

 les jours rallongent, le mois de février n'est plus, et ce sera le printemps des poètes (du 14 au 31 mars) ; le thème est "volcanique" ; j'attends vos poèmes (toutes les formes permises, celles avec des vers, des acrostiches, sans, sous forme de texte également...). Possibilité d'éditer un poème volcanique d'un auteur aimé. Pour ceux qui préfèrent quelques mots pour pimenter votre texte, en voici quelques uns : ardent, feu, Etna, rouge, lumière.

Etna 1984 - un peu de rouge sous la neige


Volcan

 Voici que la terre vomit un sang écarlate

Voici sur ses flancs la lave calcinante

Voici l’arbre épargné

Voici la fleur odorante

Et voici l’Homme

Poussière du cosmos

Grain de sable

Voici celui qui pense dominer les éléments

Voici l’Humanité ! 



Etna 1984
diapos scannées 


 

dimanche 9 mars 2025

jeudi 6 mars 2025

Jeudi Poésie - Andrée Chédid

 


Elle se demandait comment et pourquoi ces peuples d’une minuscule et même planète, ces humains d’une dérisoire longévité, irrémédiablement voués à la même mort, pouvaient répéter, multiplier ces jeux macabres et s’en glorifier ?

De l’Occident à l’Orient, plus loin encore, partout, se déchaînent fureurs, intolérances, haines à l’image de certains drames familiaux qui ne trouvent jamais d’épilogues. 

L’homme est insaisissable, l’existence, une énigme.

Parfois un geste, un paysage, une rencontre, une parole, une musique, une lecture ; surtout l’amour, rachetaient ces ombres. 

Il fallait savoir, s’en souvenir, parier sur ces clartés-là, les attiser sans relâche.

Andrée Chédid

 


dimanche 2 mars 2025

Photo du dimanche pour Monica

 Une photo inédite pour Monica


Photo d'une balade dans les vaux de Cernay en février
 
Un site remarquable avec des blocs gréseux qui semblent dévaler du coteau.


jeudi 27 février 2025

Jeudi Poésie - Jacques Prévert

 

 LE MESSAGE

 

                        La porte que quelqu'un a ouverte

                        La porte que quelqu'un a refermée

                        La chaise où quelqu'un s'est assis

                        Le chat que quelqu'un a caressé

                        Le fruit que quelqu'un a mordu

                        La lettre que quelqu'un a lue

                        La chaise que quelqu'un a renversée

                        La porte que quelqu'un a ouverte

                        La route où quelqu'un court encore

                        Le bois que quelqu'un traverse

                        La rivière où quelqu'un se jette

                        L'hôpital où quelqu'un est mort.

 

FIESTA

 

Et les verres étaient vides

Et la bouteille brisée

Et le lit était grand ouvert

Et la porte fermée

Et toutes les étoiles de verre

Du bonheur et de la beauté

Resplendissaient dans la poussière

De la chambre mal balayée

Et j’étais ivre mort

Et j’étais feu de joie

Et toi ivre vivante

Toute nue dans mes bras.

 

Jacques Prévert