jeudi 3 juillet 2025

Jeudi poésie

 



Souhait

De tout ce monde ensoleillé
je ne désire qu'une chose : un banc dans le jardin -
un chat s'y prélasserait…
Là-bas je m'assiérai
avec une lettre,
une seule, une toute petite -
tel est mon rêve…

Edith Södergran 1892 - 1923

lundi 30 juin 2025

Lac...Humour

 Julos Beaucarne le lac

 

"Ô Lac, l'année à peine a fini sa carrière et
Près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde je viens seul m'asseoir".


C'est terrible je ne peux pas continuer ce poème
Tellement ça m'prend aux tripes,
Celui qui a écrit ça il s'appelait Alfred,
C'était un poète parce que vous savez les poètes,
Ils s'adressent aux choses comme si c'étaient des gens :
Ô Lac qu'il dit, allez-vous, commun des mortels,
Parler à un lac, on va vous prendre pour un "louf",
Pour un "maf", pour un "maboul",
Un trois quarts sot, mais les poètes
Ils peuvent faire ça, ils ont la permission".
Ô Lac, l'année à peine a fini sa carrière,
Quel rythme là-dedans on dirait du rock.
Attention quand il dit : "l'année a fini sa carrière",
Il veut pas parler d'une carrière de pierre de France,
D'Ecaussinnes ou de Gobertange,
Il veut simplement dire que l'année est terminée...
Enfin, mais s'il avait dit : "l'année est terminée"
Mais ça aurait été plat n'est-ce pas?
Toute la poésie aurait foutu le camp.

"Ô Lac, l'année à peine a fini sa carrière et
Près des flots chéris qu'elle devait revoir"
.

Ici on s'rend compte qu'il y a quequ'chose
Qui ne va plus, que l'ménage allait sur une fesse,
Qu'elle lui a renvoyé ses lettres
Et qu'il est tout seul et il traduit si bien
Cette solitude dans ces vers :
"regarde je viens seul m'asseoir
Sur cette pierre où tu la vis s'asseoir",

Il a une mémoire, ce garçon-là,
Une mémoire d'éléphant, il se souvient exactement
De l'endroit... où était la pierre,
Il ne nous dit pas si elle était ronde,
Carrée ou rectangulaire, vous savez pourquoi?
C'est pour nous faire rêver...
C'est pour nous faire rêver...
à la forme... de la pierre
Mais quel métier!

"Ô Lac, l'année à peine a fini sa carrière".

Remarquez bien c'est très important ça,
Il s'adresse toujours,
Toujours que c'en est obsédant,
Il s'adresse toujours au Lac...
C'est un interlocuteur social valable,
Il ne répond jamais.
Je ne sais plus au bord de quel lac c'était,
C'était peut-être au bord du Lac des 4 cantons,
Du Lac de Neuchâtel, du Lac de Lugano,
Mais ce n'est pas la position géographique du lac
Qui est importante ici, ce qui est important
C'est ce qu'Alfred a ressenti...
Devant cette dame qui était, semble-t-il,
La plus belle femme du monde, d'ailleurs il ne la décrit pas,
On a raison de dire que quand il y a une belle betterave,
C'est toujours pour un laid cochon,
Et puis il faut vous imaginer comment c'était à ce temps-là,
La nature avait encore toute sa majestuosité :
Pas de pollution, on pratiquait encore la polyculture
Dans le cadre de l'auto-suffisance, l'eau du lac était claire
Comme ce n'est pas possible...
Vous lanciez une pièce et vous la regardiez
Descendre jusqu'au fond comme un noyé pensif,
Les oiseaux étaient abondants, abondants,
Abondants.

"Ô Lac, l'année à peine a fini sa carrière".

Remarquez bien il aurait pu dire des choses
Beaucoup plus banales, par exemple :
"Il neige sur le lac Majeur, j'ai tout oublié du bonheur",
Non, attention c't un poète ce garçon-là.

"Un soir" t'en souvient-il, nous voguions en silence,
On entendait au loin sur l'onde et sous les cieux
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence :

"flotch... flotch..." les flots harmonieux".

Je ne sais plus au bord de quel lac c'était,
Mais bien sincèrement là, entre 4 yeux,
Barbe à barbe, que ce soit au bord
D'un lac suisse, français ou italien, québécois
Ou belge, en l'occurrence,
Ce n'est quand même pas cela qui est
Le plus important, le plus important c'est
Ce qu'Alfred a ressenti, c'qu'Alfred a voulu
Projeter en poésie, c'qu'Alfred a voulu
Traduire, exprimer avec tous les mots
Qu'il avait appris dans les dictionnaires...
Dans le dictionnaire Larousse, dans le Robert,
Dans le Littré, avec tout ce qu'il savait avec
Tout ce qu'il connaissait... Alfred? Alfred ?
Mon Dieu Seigneur,
Mais ce n'est pas Alfred qu'il s'appelait,
C'est Alphonse ! Bah ! Ça n'fait rien,
ça n'a pas d'importance...

 

jeudi 26 juin 2025

Jeudi Poésie - Chaleur





CHALEUR

 

Tout luit, tout bleuit, tout bruit,

Le jour est brûlant comme un fruit

Que le soleil fendille et cuit.

 

Chaque petite feuille est chaude

Et miroite dans l’air où rôde

Comme un parfum de reine-claude.

 

Du soleil comme de l’eau pleut

Sur tout le pays jaune et bleu

Qui grésille et oscille un peu.

 

Un infini plaisir de vivre

S’élance de la forêt ivre,

Des blés roses comme du cuivre.

 

Anna de Noailles (1876 – 1933) L’ombre des jours 

vendredi 20 juin 2025

Vendredi Poésie !


 

Sonnet d’été

Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d’une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu’un jour faible et doux ressemblant au soir.

Une blonde frêle en mignon peignoir
Tirera des sons d’une mandoline,
Et les blancs rideaux tout en mousseline
Seront réfléchis par un grand miroir.

Quand nous aurons faim, pour toute cuisine
Nous grignoterons des fruits de la Chine,
Et nous ne boirons que dans du vermeil ;

Pour nous endormir, ainsi que des chattes
Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ;
Nous oublierons tout, – même le soleil !

Germain Nouveau 1851 - 1920

 


dimanche 8 juin 2025

Photo du dimanche avec Monica

 

Photo du dimanche avec Monica


Deux petites orchidées vues au bord d'un chemin
lors d'une promenade mardi matin
Je vous retrouverai fin juin

 photos pour 2 dimanches !




jeudi 5 juin 2025

Jeudi poésie

La Confiture de bonheur de Sophie (http://prairiedesophie.canalblog.com/)

A réaliser un matin d'été...

Tu sais un de ces matins où le soleil

se lève un peu plus tard, où les ombres s'étirent vers l'ouest,

où les prés alentour sont couverts de rosée argentée...

Prends un petit panier,

 nous ne ferons qu'un seul pot.

En fait cette confiture se consomme très vite,

tu ne peux enfermer le bonheur en bocal...

Pour cette recette nous ne coupons aucune fleur.

Nous cueillons délicatement quelques couleurs de vie.

Cueille quelques pétales de rose, pour l'odeur.

Dix pétales de roses claires

Dix pétales de roses roses

Dix pétales de roses jaunes

Une nigelle de Damas

Un pavot rose

Vingt capucines pour le goût.

Glisse dans ton panier

un bouquet de dahlias si élégants.

Vas vers le fond du jardin et ramène-moi de ces fleurs jaunes

si hautes et si élégantes dont je ne connais le nom.

N'oublie pas en passant près de la gerbe d'or d'en cueillir quelques brins...

Si tu trouves au cours de ta promenade un papillon ou deux,

une libellule, un escargot,

demande-leur de t'accompagner, ils le font volontiers.

Et surtout n'oublie pas la cloche de l'église,

elle chantera pour toi l'heure de fin de cueillette.

 Voilà, munie de tous ces ingrédients délicats,

nous allons ensemble les mêler, les humer, les sucrer à discrétion.

Sens-tu cette délicieuse odeur d'amour, d'amitié de bonheur simple?

Dispose tout cela dans un joli pot de confiture

sur lequel tu colles une belle étiquette où tu écris

au porte-plume, à l'encre bleue, en italique,

en respectant pleins et déliés.

"Confiture de bonheur".

Ne ferme surtout pas le pot,

laisse-le s'épanouir en liberté. 

lundi 2 juin 2025

Croqueurs de mots N° 308 avec Marie Sylvie

 Avec Marie Sylvie fêtons "Les bons vivants"


Menu 


Ciel matin de printemps aux nuages vaporeux

Cyclamen papillon

Thé parfumé

Appel du Chat


Balade en forêt

Sous bois après la pluie 

Senteur d'humus

Chants d'oiseaux

Étang aux nénuphars 

Empreintes de gibiers

Colvert et sa cane

Nid de cygnes dans les roselières

Bourdonnements d'insectes


Retour au jardin et ses rires d'enfants

Danse des pivoines

Fragrances fleuries

Roses épanouies

Le chat s'impatiente

Le tout accompagné de rencontres amicales

Assorties de discussions passionnées

Echanges de livres et d'idées

Autour d'un café gourmand









dimanche 1 juin 2025

Photo du dimanche avec Monica

 Photo du dimanche avec Monica


Devant la poste, près du marché et en d'autres endroits bravo à SQY dont dépend Plaisir qui a fait installé des pompes pour les quelques utilisateurs de vélos en ville ..  ça serait sympa qu'elle pense aussi aux très nombreux piétons afin que les trottoirs ne soient pas que pièges plein de trous et bosses !

jeudi 29 mai 2025

Jeudi poésie Le thé

Le THÉ

Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise,
Où des poissons d’or cherchent noise
Au monstre rose épouvanté.

J’aime la folle cruauté
Des chimères qu’on apprivoise :
Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise.

Là, sous un ciel rouge irrité,
Une dame fière et sournoise
Montre en ses longs yeux de turquoise
L’extase et la naïveté :
Miss Ellen, versez-moi le Thé.

Théodore de Banville 1823 - 1891 

dimanche 25 mai 2025

jeudi 22 mai 2025

Jeudi poésie

 


Romance

Toi, qui me parles sentiment,
Connais-tu l’amour et ses peines,
Et ses larmes et son tourment ?
As-tu jamais porté ses chaînes ?
Je connais ce petit garçon,
Il fit le malheur de ma vie !
Il a fait perdre la raison
Bien plus d’une fois à Délie.

Toi, dont le cœur me semble aimant,
As-tu connu la jalousie ?
Ah ! c’est le plus cruel tourment :
Redoute cette frénésie.
J’ai connu toute sa fureur.
Lorsque j’aimais à la folie
Hélas ! que d’instants de douleur
A passés la triste Délie !

As-tu connu tous les tourments
Que nous fait éprouver l’absence ?
As-tu compté tous les moments
Par les soucis, par la souffrance ?

Adélaïde-Isabelle-Jeanne Vivien-Deschampsy (Adèle Chemin)

1772 - 1840


lundi 19 mai 2025

Croqueurs de mots N° 307

 

C'est Zaza qui s'y colle et voici ce qu'elle nous propose !

Pensez à un objet usuel de la maison et écrivez une petite histoire en le faisant vivre et en insérant éventuellement des dialogues savoureux!  L’humour est vivement conseillé.


C'était des petits cailloux

Ramassés on ne sait où

C'était une histoire d'amour

De celles qui doivent durer toujours

Ils furent peint avec cœurs

Ils devaient porter bonheur

Calligraphiés en miroir

Initiales en lettres noires

Se souviennent-ils des dialogues...

Un seul maintenant  monologue

L'un contre l'autre encore serrés

En attendant l'éternité pour se retrouver


dimanche 18 mai 2025

jeudi 15 mai 2025

Jeudi Poésie



Dans les jardins, le vent sauvage
Berce des fleurs aux noms latins.
Dans les jardins, sous les ombrages,
La nuit est verte le matin.

L'abeille dans la fleur sauvage
Prend le sucre de son festin.
Le ruisseau roule des images
Dont les yeux ne sont pas éteints.

La branche et le fruit sont sauvages.
L'oiseau volette et le nuage
Avec le soir change de teint.

Et les parfums sont des sauvages,
Savants à parler le langage

Des lieux où naquit leur destin.

Louise de Vilmorin




 

dimanche 11 mai 2025

jeudi 8 mai 2025

Jeudi poésie - Serge Gainsbourg

Métier...disparu ! 



J'suis l'poinçonneur des Lilas
Le gars qu'on croise et qu'on n'regarde pas
Y a pas d'soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l'ennui, j'ai dans ma veste
Les extraits du Reader-Digest
Et dans c'bouquin, y a écrit
Que des gars s'la coulent douce à Miami
Pendant c'temps que je fais l'zouave
Au fond d'la cave
Paraît qu'y a pas d'sot métier
Moi j'fais des trous dans des billets
J'fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Des trous d'seconde classe
Des trous d'première classe
J'fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous
J'suis l'poinçonneur des Lilas
Pour Invalides, changez à Opéra
Je vis au cœur d'la planète
J'ai dans la tête
Un carnaval de confettis
J'en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence
Je n'vois briller que les correspondances
Parfois je rêve, je divague
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai
J'vois un bateau qui vient m'chercher
Pour m'sortir de ce trou où je fais des trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Mais l'bateau se taille
Et j'vois qu'je déraille
Et je reste dans mon trou à faire des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous
J'suis l'poinçonneur des Lilas
Arts-et-Métiers, direct par Levallois
J'en ai marre, j'en ai ma claque
De ce cloaque
Je voudrais jouer la fille de l'air
Laisser ma casquette au vestiaire
Un jour viendra, j'en suis sûr
Où j'pourrai m'évader dans la nature
J'partirai sur la grand route
Et coûte que coûte
Et si pour moi, il est plus temps
Je partirai les pieds devant
J'fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Y a d'quoi devenir dingue
De quoi prendre un flingue
S'faire un trou, un petit trou, un dernier petit trou
Un petit trou, un petit trou, un dernier petit trou
Et on m'mettra dans un grand trou
Et j'n'entendrai plus parler d'trou, plus jamais d'trou
De petits trous, de petits trous, de petits trous

Serge Gainsbourg 

lundi 5 mai 2025

Croqueurs de mots N° 306 : Jazzy propose un métier imaginaire

 

Jazzy 

à la barre du bateau des Croqueurs de mots pour la quinzaine, je vous propose d’ inventer un métier imaginaire. Il peut être proche de la réalité ou complètement loufoque , vous pouvez laisser aller votre imagination en prose ou en vers, comme il vous plaira. Un exemple ? fabricant de jurons, tricoteur de rêves, peigneur de girafes….etc…..



Jazzy qui fût un temps Brodeuse d'éphémère s'y connait en métiers insolites...
Un temps Marchandes de bulles de petits bonheurs, puis Désembrouilleur de fils emmêlés me voici avec l'âge devenu Réviseur de temps ?
Temps passé ou à venir.
Ce métier consiste à raccourcir ou à allonger parfois des secondes, des minutes ou bien même des heures, mais là c'est plus difficile, afin de les adapter au meilleur de votre situation.
j'ai ce pouvoir magique d’alléger vos attentes et de prolonger vos situations heureuses, j'ajoute du bleu dans vos yeux et des sourires sur vos lèvres, je fais éclore les fleurs de vos jardins...
Des moments heureux qui resteront à jamais dans vos souvenirs.
Ces instants de plénitudes resteront toujours dans votre cœur.

“Des milliers et des milliers d'années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassée
Un matin dans la lumière de l'hiver
Au parc Montsouris à Paris
A Paris
Sur la terre
La terre qui est un astre.”

― Jaques Prévert
Ce défi des métiers improbables peut ajouter quelques pages  aux Anthologies Éphémères 2019 
Que de pensées pour notre amie Quichottine

dimanche 4 mai 2025

La photo du dimanche avec Monica

 

La photo du dimanche avec Monica



Chennevières 78760 

une balade sous le soleil du premier mai...

jeudi 1 mai 2025

jeudi poésie encore Maurice Carême !



 

Cloches naïves du muguet,
Carillonnez ! car voici Mai !

Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.

Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !

Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.

Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !"


      Maurice Carême